Quelle est donc notre place au sein de la nature, ou plutôt de la vie ? Longtemps, l’homme s'est vu comme l'aboutissement et le maître de la création, en droit d'exercer son pouvoir sur les animaux et sur la nature. Aujourd'hui, certains écologistes considèrent au contraire l'homme comme un animal nuisible et envahissant, portant préjudice à l'ensemble des autres êtres vivants, par conséquent indésirable. Or nous savons maintenant que l'homme est un résultat de l'évolution des espèces, au sens darwinien. Il fait partie intégrante du monde vivant, et il interagit de multiples façons avec une multitude d'autres espèces, qui sont souvent indispensables à sa survie. Cependant, il possède en plus la capacité d'accomplir certaines choses qui sont hors de la portée de tout autre animal. Tout en étant pour l'essentiel un animal semblable aux autres, il peut notamment construire des théories et des machines de plus en plus complexes, susceptibles de modifier la nature elle-même. Actuellement, l'usage irréfléchi de cette puissance, dans un contexte de laisser-faire, apporte à certains de nombreux avantages, mais nous mène à l'abîme: surpopulation, appauvrissement d'une large part de l'humanité, dérèglements climatiques, pollution, destruction accélérée d'espèces animales et végétales, et peut-être à terme dégénerescence mentale de l'espèce humaine. Sans rétablir les anciennes religions et les idéologies du passé, ce n'est qu'avec une vision commune du futur, à la fois rationnelle et charitable, que les effets indésirables de l'action de l'homme sur lui-même et sur le monde vivant dans son ensemble pourront être réduits au minimum. Une telle vision commune du futur est ce qu'on appelera une espérance. Elle pourra se construire autour de mythes nouveaux. La raison nous conduit à écarter toute intervention divine ou surnaturelle, et à fonder notre action sur des éléments scientifiquement établis. La charité nous relie à nos semblables, humains et animaux. Elle nous incite à vouloir leur bien, aujourd'hui et dans l'avenir, et à y contribuer activement. On retrouve dans un contexte moderne les trois vertus théologales des Pères de l'Eglise, qui étaient la Charité, l'Espérance et la Foi, en remplaçant la foi en Dieu par la Raison, et en orientant l'Espérance non plus vers une vie après la mort, mais vers l'avenir de l'humanité et du monde vivant.
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AuteurMarc Gillet Archives
Octobre 2019
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