Prosidera
  • Accueil
  • Programme politique
  • Surpopulation
  • Valeurs
  • Solitude
  • BLOG
  • Biographie

Un mythe pour le millénaire

Comment agir suivant notre nature

Il est trop tard pour les prochaines décennies, il faut préparer la suite !

31/1/2022

0 Commentaires

 

​Nous n’échapperons pas à 40 années très difficiles, l’éclaircie ne pourra venir qu’après. Les plus anciens d’entre nous ont connu les « trente glorieuses », qui n’ont pas été heureuses pour tous, mais ont été marquées par une forte croissance économique entre 1945 et 1975. Dans les décennies qui ont suivi, nous nous sommes rendu compte que beaucoup de choses commençaient à aller de travers, mais les idéologies productivistes se sont imposées. N’ayant pas su réagir à temps, nous sommes partis aujourd’hui pour quarante années difficiles, pour ne pas dire quarante ans de malheur. Nous ne pouvons pas y changer grand-chose, et nous allons devoir faire le gros dos, mais nous pouvons préparer des années plus heureuses au-delà de 2060, à condition de nous en occuper dès maintenant.

L’accès aux ressources naturelles inquiète sérieusement les responsables politiques, qui constatent l’augmentation des prix des matières premières et les difficultés pour obtenir certaines d’entre elles. Les prix du pétrole, du gaz, du charbon et de l’électricité ont fortement augmenté. C’est aussi le cas pour les métaux nécessaires aux composants électroniques, et même pour le blé. De nombreux français n’ont plus les moyens de se chauffer convenablement ni d’utiliser leur voiture. Les produits d’alimentation bio ne sont pas accessibles à tous. Et les populations des pays en développement sont dans une situation encore pire. La Chine s’efforce d’obtenir des terres et des ressources naturelles de l’Afrique, la Russie et les pays pétroliers à tirer le maximum de profit de leurs gisements de combustibles fossiles.

A cela s’ajoute la crise de la biodiversité, qui est aggravée par le changement climatique, mais est surtout attribuable à la conversion des milieux, aux prélèvements excessifs, aux pollutions et aux déplacements d’espèces envahissantes[1].

Par ailleurs, la dégradation des sols s’accentue. Sur les 33 millions de km2 de terres arables existant sur la planète, seulement 15 millions sont effectivement cultivés (dont bientôt 3 millions irrigués). Il reste donc 18 millions en réserve dont 14 dans les pays du Sud. Cependant, les terres cultivables constituent une ressource en constante diminution à cause de la croissance démographique et des dégradations diverses dont elles sont l’objet : 2 hectares de terre étaient disponibles par habitant en 1900 dans le monde contre moins de 0,5 hectare en 2010[2]. Le National Intelligence Council américain[3] précise dans son rapport de prospective paru en 2017 que « plus du tiers du sol mondial, qui produit 95% de l'approvisionnement alimentaire mondial, est actuellement dégradé, et cette fraction augmentera probablement à mesure que la population mondiale augmentera. La dégradation des sols - la perte de productivité des sols due à des changements principalement induits par l'homme - progresse déjà à des taux jusqu'à 40 fois plus rapides que la formation de nouveaux sols ». A cela s’ajoute le coût croissant des engrais, qui dépend fortement du prix du gaz.

Or les besoins en ressources naturelles, en terres cultivables et en matières premières sont en pratique proportionnels au nombre d’humains, même s’ils dépendent fortement de leur mode de vie. Les riches pris individuellement consomment certes davantage de ressources naturelles et émettent plus de gaz à effet de serre que les pauvres, mais le rapport entre les émissions de deux individus représentatifs de ces catégories sociales est en France seulement de l’ordre de 2[4]. Supprimer les riches ne règlerait donc pas la question de l’insuffisance des ressources naturelles ni des émissions de l’effet de serre, d’autant plus qu’ils sont très minoritaires.
Les stocks en ressources naturelles étant en diminution, la compétition pour y accéder est déjà en cours et ne pourra que s’exacerber. Les Etats, qu’ils soient démocratiques ou non, s’efforcent d’augmenter leur PIB, afin d’éviter la baisse des niveaux de vie de leurs populations, source potentielle d’émeutes et à des révoltes, mais ils continuent généralement à encourager la natalité. Ils portent peu d’attention au revenu par habitant, et notamment celui des plus pauvres. Pourtant rien n’interdit mathématiquement que le revenu par habitant des classes les plus défavorisées s’améliore dans un contexte de diminution du PIB et de décroissance de la population.

Sans reprendre ici la liste des outrages infligés par l'homme à la nature, il semble que les pénuries en ressources naturelles pourraient mettre la stabilité mondiale en danger bien avant que les effets du réchauffement climatique n’apparaissent comme réellement catastrophiques au niveau planétaire. Ceux-ci sont encore peu sensibles aujourd’hui, et ne deviendront réellement graves que dans quelques décennies. Nos dirigeants le savent très bien, mais l’évocation de ce que seront dans quelques décennies les dommages du réchauffement climatique permet d’éviter un débat difficile sur la raréfaction des ressources naturelles, sur les inégalités sociales et sur la surpopulation, qui sont des sujets explosifs.

Tout en utilisant bien sûr dès à présent les autres moyens disponibles pour réduire notre empreinte écologique, il ne faut pas se leurrer : une diminution importante de la population mondiale est indispensable pour conjurer, à terme, à la fois la menace de la limitation des ressources naturelles et celle du changement climatique, et permettre aux humains de vivre à l’aise sur ce petit globe. Puisqu’il n’est pas moralement envisageable de réduire la population par élimination, la seule approche possible est de diminuer le nombre de naissances. Les premiers intéressés, c’est-à-dire les bébés à naître, ne s’en plaindront pas, puisque personne ne demande à venir au monde tant qu’il n’a pas été conçu. Dans ces conditions, et si l’on en croît les projections de L’ONU et du GIEC, le début de la décroissance de l’effectif humain pourrait intervenir vers 2060. D’ici-là, les conditions de vie de la grande majorité des humains ne pourra que continuer à se dégrader sous l’effet de la surpopulation.

Le groupe de travail III du GIEC base actuellement ses évaluations économiques sur cinq scénarios démographiques pour le XXIème siècle[5], représentés sur la Figure 1. Ces scénarios recouvrent un éventail très proche de celui des projections publiées en 2019 par les Nations Unies[6], et s’appuient sur des hypothèses détaillées sur l’évolution future des relations internationales, le développement technique et la mise en œuvre de principes de développement durable.


Photo

Ce sont surtout les deux scénarios SSP1 et SSP5 du GIEC qui conduisent à une décroissance importante de la population après 2060, se situant à peu près au niveau de 2010.  Ces deux scénarios apparaissent alignés avec les visions politiques généralement mises en avant par l’Union Européenne et certaines ONG, d’une part, et par les Etats-Unis et certains industriels, d’autre part. Il s’agit dans le premier cas, celui du SSP1, d’un développement « durable », et dans le second cas, le SSP5, d’un développement basé sur les combustibles fossiles.

La projection la plus optimiste du GIEC, notée SSP1 en bleu foncé sur la figure, est très proche de l’hypothèse basse présentée par l’ONU en 2019, qui aboutit en 2100 à environ 7 milliards d’humains, un peu en dessous de l’effectif actuel. Il n’en reste pas moins que même dans ce cas, avec une population humaine de l’ordre de 8 milliards d’habitants en moyenne d’ici au moment où la population commencera à décroître, vers 2060, le saccage des ressources naturelles se sera poursuivi au même rythme qu’aujourd’hui, avec les privations et les conflits qui en découleront. Que restera t-il en 2060 des ressources naturelles terrestres dans de telles conditions, quand elles auront été grignotées pendant quarante ans par 8 milliards d’humains, même avec des efforts conséquents en matière de réduction de l’empreinte écologique ?

Le scénario le plus pessimiste (SSP3, en rouge), qui conduit en 2100 à une population mondiale de 12,6 milliards d’âmes, correspond à un monde « fragmenté » et moins mondialisé, avec des rivalités fortes entre pays et entre régions.

On peut se demander pourquoi les très nombreux experts en démographie mobilisés par le GIEC ont décidé que la croissance de la population serait plus forte dans un monde « fragmenté ». En effet beaucoup de pays actuellement situés au ban de la communauté internationale présentent des indices de fécondité plutôt bas : 1,6 enfant par femme pour Cuba, 1,9 pour la Corée du Nord, 2,1 pour l’Iran, 2,3 pour le Venezuela, 1,4 pour la Serbie, … Sans doute fallait il dans la panoplie un scénario menant à des émissions de gaz à effet de serre très élevées, ce qu’il est facile à obtenir avec une très forte croissance de la population. Ce scénario peut aussi apparaître comme le moins politiquement correct, puisqu’il fait l’hypothèse d’un recul de la mondialisation et d’un développement non durable.

Pour les experts en démographie, les données disponibles indiquent que la fécondité future et donc la croissance démographique sont déterminées principalement par le niveau d’éducation, qui influence à la fois la mortalité et la natalité. Ces données indiquent en effet que pour pratiquement toutes les populations la fertilité féminine a décru quand le niveau d’éducation s’élevait. De même, il a été constaté empiriquement que la croissance économique est principalement déterminée par le niveau d’éducation des personnes en âge de travailler. Pour les auteurs des scénarios du GIEC, l’éducation est censée progresser davantage dans les sociétés mondialisées (scénarios SSP1 et SSP5) que dans les sociétés plus fragmentées (scénarios SSP3 et SSP4), ce qui conduit aux résultats de la Figure 1. Les scénarios font aussi souvent l’hypothèse d’une convergence générale des revenus par habitant, mais ceci constituerait un autre sujet de réflexion.

Toutefois, quelles que soient les motivations politiques qui ont pu conduire à la définition des scénarios démographiques, les experts en population du GIEC et de l’ONU s’accordent sur la possibilité d’une décroissance de la population mondiale à partir de 2060 environ. C’est là une bonne nouvelle pour la fin du siècle, même si cette décroissance reste encore trop faible pour rééquilibrer les relations entre l’homme et la nature.
En conclusion, après les décennies d’interrogations et d’inaction politique que nous avons vécues au sujet du développement durable, nous nous rendons compte aujourd’hui que nous avons beaucoup trop tardé non seulement à prendre des mesures pour protéger les ressources naturelles et le climat, mais surtout que si la question démographique avait été traitée au long des quarante années passées, nous serions aujourd’hui dans une situation bien meilleure, et peut-être tirés d’affaire avant la fin du siècle. Ceci démontre amplement l’urgence d’aborder ce problème dès maintenant.
​
Nous avons devant nous quarante années très dures à cause en grande partie de la surpopulation, en espérant malgré tout que les guerres et l’anarchie générale soient évitées et les liens sociaux conservés. Mais il est indispensable pour espérer une amélioration avant la fin du siècle que des mesures draconiennes soient prises rapidement pour diminuer la population mondiale, tout en offrant à ceux qui sont déjà de ce monde des conditions de vie aussi acceptables que possible. Plus nous repousserons la décroissance démographique, plus tard nous retrouverons un monde habitable. En espérant qu’il ne soit pas déjà trop tard pour éviter des décennies de guerres, d’anarchie et de génocides.
 
  


[1] EXPERT INPUT TO THE POST-2020 GLOBAL BIODIVERSITY FRAMEWORK: TRANSFORMATIVE ACTIONS ON ALL DRIVERS OF BIODIVERSITY LOSS ARE
URGENTLY REQUIRED TO ACHIEVE THE GLOBAL GOALS BY 2050 - CBD/WG2020/3/INF/11, CBD/SBSTTA/24/INF/31, 14 January 2022

[2] https://planet-vie.ens.fr/thematiques/ecologie/gestion-de-l-environnement-pollution/la-degradation-des-sols-en-france-et-dans#:~:text=Les%20principales%20causes%20de%20d%C3%A9gradation,les%20pratiques%20agricoles%20et%20environnementales.

[3] National Intelligence Council : Global Trends, Paradox of progress, January 2017, NIC 2017-001, ISBN 978-0-16-093614-2

[4] Paul Malliet, 2020, « L'empreinte carbone des ménages français et les effets redistributifs d'une fiscalité carbone aux frontières », OFCE Policy brief 62, 8 janvier.

[5] KC, S., Lutz, W., 2017 : The human core of the Shared Socioeconomic Pathways : population scenarios by age, sex and level of education for all countries to 2100. Global Environ. Change, Volume 42, January 2017, Pages 181-192.

[6] https://population.un.org/wpp/Graphs/Probabilistic/POP/TOT/900

0 Commentaires



Laisser un réponse.

    Auteur

    Marc Gillet

    Archives

    Octobre 2019
    Septembre 2018
    Août 2018
    Janvier 2018
    Décembre 2017
    Décembre 2016
    Mars 2016

    Catégories

    Tout

    Flux RSS

    Photo
Photo utilisée sous Creative Commons à partir de Bibliothèque Méjanes - Aix-en-Provence
  • Accueil
  • Programme politique
  • Surpopulation
  • Valeurs
  • Solitude
  • BLOG
  • Biographie