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Un mythe pour le millénaire

Comment agir suivant notre nature

Le positivisme à Rio de Janeiro

10/12/2017

1 Commentaire

 
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Je m’y suis rendu non pas à genoux, comme l'aurait fait un véritable pélerin, mais à pied, depuis  le quartier de Botafogo,  un dimanche matin pour arriver à la cérémonie de 10 heures. Ceci m’a pris environ une heure, en suivant  l’aterro de Flamengo (le remblai qui a été fait dans les années 60 pour élargir la plage et les routes qui la longent), puis en traversant Laranjeiras et le Largo do Machado. Cependant on y arrive plus rapidement par le métro, en descendant à la station Gloria. Il suffit ensuite de remonter la rue Benjamin Constant jusqu’au numéro 74.
 
La façade de l'Église positiviste de Rio de Janeiro est celle d’un temple grec; il m’a été confirmé qu’elle est inspirée du Parthénon. Ceci m’a rappelé Ernest Renan devant l’Acropole, et sa prière à la déesse Athéna, personnification de la Raison. La superstition l’a pourtant emporté pendant plus de dix siècles, à la suite des menées de l’apôtre Saint Paul, qui passa aussi par Athènes en son temps.
 
Les adeptes de l’Eglise positiviste étaient au nombre de quatre à mon arrivée, installés sur des bancs en bois sous le périptère et sirotant tranquillement leur café dans des gobelets en plastique. Les hommes étaient en bermuda comme tous les cariocas le dimanche matin:  une tenue bien plus confortable par cette température que le blue jeans que je portais, mais que j’avais jugé plus décent de revêtir pour entrer dans une église.
 
Cette petite assemblée me reçut fort courtoisement et sans façons. Moyenne d’âge 70 ans environ, si l’on excepte une dame d’une quarantaine d’années. Celle-ci s’est présentée comme la fille du président de la fondation, Danton Voltaire Pereira de Souza, malheureusement retenu ce jour-là par d’autres obligations à Teresopolis. Elle s’est étendue sur l’histoire du positivisme, et m’a rappelé quelques faits importants de la vie d’Auguste Comte et de la diffusion ultérieure de sa pensée au Brésil. La République fut instituée en 1891, sur la base des idées prônées par Auguste Comte de séparation de l’église et de l’Etat et de respect des libertés individuelles. C’est alors que fut adopté le drapeau de la nouvelle république, portant la devise d’Auguste Comte : “Ordem e progresso” (Ordre et progrès).
 
Mes interlocuteurs ont fortement insisté sur l’importance de l’amour dans cette religion nouvelle, bien que ce mot n’apparaisse pas sur le drapeau brésilien. Ils m’ont confirmé qu’il s’agit bien d’une religion sans divinité, fondée sur le principe d’humanité. Au delà de l’humanité, cette doctrine s’adresse à la terre entière, présentée comme le “grand fétiche”. Ceci peut sans doute inclure la Nature et notre environnement. Ce grand fétiche n’est pas un dieu : il semblerait qu’il s’agisse simplement d’un moyen pour focaliser l’attention des masses qui ressentent le besoin de révérer quelque chose de concret.
 
Il m’a ensuite été permis de pénétrer dans la nef du Temple, mais de moins d’un mètre : le toit s’est effondré sous la morsure des cupims (termites) et il eût été risqué d’avancer davantage. Une demande de subvention est en cours auprès de l’Etat pour restaurer ce monument historique. Les sculptures représentant les apôtres de l’humanité ont été retirées de leurs niches et mises à l’abri.
 
A l’entrée du Temple, une rosace au sol indique les points cardinaux et la direction de Paris, le lieu saint, la Mecque du positivisme : 38° vers le Nord-Est. Je me suis promis de visiter la maison d’Auguste Comte et l’église positiviste de France à mon retour dans ma patrie, quand j’aurai parcouru ce chemin.
 
Voici donc ce que j’ai pu trouver à Rio de l’Eglise positiviste. Le système d’Auguste Comte contient sans doute quelques aspects qui prêteraient aujourd’hui à sourire ou pourraient susciter des réserves, comme le principe du “grand fétiche” ou son système politique provisoire se rapprochant par certains aspects du fascisme, même s’il insiste fortement sur la liberté de pensée. Mes aimables interlocuteurs m’ont malgré tout semblé tenir à tous les aspects de cette doctrine qui date de la première moitié du XIX siècle. Ils m’ont persuadé d’acheter un opuscule intitulé La dictature Républicaine, d’après Auguste Comte par Jorge Lagarrigue, Fonds Typographique “Auguste Comte”, rue do Carmo 19, Rio de Janeiro, janvier 1937. L’analyse de cet ouvrage, qui commence par un appel et des recommandations au général Boulanger, est en cours.
 
Mais c’est assurément à tort que la pensée d’Auguste Comte, le fondateur incontesté de la sociologie, est aujourd’hui méprisée, ou plutôt ignorée et tenue pour désuète. Les esprits ont en effet été depuis mobilisés par l’utilitarisme anglo-saxon et par les divagations fumeuses de la philosophie allemande, dans la lignée de Platon que Comte tient d’ailleurs en peu d’estime et qualifie de “pseudo philosophe”. Peut-être suffirait-il d’un peu de dépoussiérage, et de prendre en compte les découvertes ultérieures de Schopenhauer, de Darwin, de Marx, de la physique et de la biologie modernes pour que le système d’Auguste Comte devienne à nouveau d’actualité et répande sa lumière sur le monde. Ceci mériterait une réflexion plus approfondie.

1 Commentaire
Telawitz
15/12/2017 14:46:05

Super! Enfin une religion sans dieux ni superstitions, même si elle semble un peu démodée!

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    Auteur

    Marc Gillet

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